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Le premier Prix de l’égalité, une valeur d’exemple

Les apprentis mesurent les bénéfices d’une formation au sein d’une entreprise tournée vers le bien-être de ses employés. Bilan. 

Depuis une dizaine d’années, la Chambre de commerce, d’industrie et des services de Genève (CCIG) décerne les Grands Prix de l’économie dans le but d’honorer des entreprises véhiculant une image dynamique de Genève. Et, pour la première fois en 2021, le Prix de l’égalité a salué l’engagement de Loyco, entreprise formatrice depuis sa création.

«Chez Loyco, les femmes représentent plus de la moitié des collaborateurs et détiennent des postes à responsabilité», remarque Lara Breccolini, apprentie médiamaticienne dans cette société de gestion des processus administratifs. Temps partiel, horaire flexible, congé paternité de quatre semaines et possibilité de télétravail sont inscrits dans l’ADN de l’entreprise.

Une culture d’entreprise
«Nous souhaitions créer une société à l’image de nos valeurs personnelles. Nous avons donc construit un modèle de gouvernance misant sur le bien-être au travail, le développement des compétences, la responsabilisation de l’employé et une meilleure conciliation entre vie privée et professionnelle», explique Olivier Mettler, formateur et cofondateur de Loyco. Après quelques an- nées, l’entreprise a même dissous son comité de direction pour mettre en place un système de gouvernance partagée, assortie de «rôles» de direction attribués à chaque employé. Autant de mesures concrètes à fort impact sur les apprentis.
«Ici,il n’ya pas de CEO.Chacun a un rôle bien défini. C’est ainsi plus facile de savoir à qui adresser une demande», confirme Lara Breccolini. Romain Buff, apprenti employé de commerce en deuxième année, se sent encouragé et soutenu: «On ose poser des questions, faire preuve d’initiatives et on a le droit de se tromper!» Et ce bien-être au travail se répercute positivement aussi sur les notes scolaires. «Avec les horaires modulables, on prend du temps sur nos heures de travail pour réviser nos examens», confirment de concert les apprentis.

Des valeurs phares
«Nous veillons à recruter des apprentis susceptibles d’évoluer de façon indépendante. Bien qu’ils soient très encadrés, l’autonomie et les responsabilités qui leur incombent peuvent représenter un facteur de stress non négligeable», relève Gregory Chollet, lui aussi formateur et cofondateur de la société.

Plaisir, plasticité et intelligence collective, des valeurs phares qui tendent à être également celles de nombreuses entreprises de la place, selon le formateur. «Nous constatons que de plus en plus de sociétés intègrent ce type d’initiatives. Notre particularité est d’avoir simplement entamé ce processus voici sept ans déjà.»

Trois questions à Marc-Henri Sandoz, chargé de la promotion de l’égalité au sein de l’Office pour l’orientation, la formation professionnelle et continue (OFPC) de Genève.

Quelles actions menez-vous au sein des entreprises formatrices d’apprentis pour assurer l’égalité des genres?
L’OFPC est chargé de la surveillance de l’apprentissage et la question de l’égalité des genres s’inscrit dans la loi sur la formation professionnelle. Pour s’en assurer, nous avons mis en place un module destiné aux futurs formateurs d’apprentis dans le cadre du cours EduPros. Les participants y visionnent des vidéos de sensibilisation. Ils analysent des situations de harcèlement ou de discrimination dont ils débattent ensuite entre eux avec l’éclairage d’experts.

Constatez-vous un réel changement dans les entreprises formatrices?
La société actuelle est davantage consciente qu’auparavant des problématiques liées au genre
et à l’orientation sexuelle. Les entreprises aussi. Il nous revient, par contre, d’intervenir si une situation met en péril l’intégrité d’un apprenti. Le réel changement réside plutôt dans l’encouragement donné à la personne en formation de signaler un comportement inadéquat à l’OFPC ou à son commissaire d’apprentissage. Le nombre de signalements augmente chaque année. Cela
ne signifie pas que la situation soit plus grave, mais bien que la parole se libère.

La promotion du bien-être au travail des apprentis est-elle une tendance?
En effet, les entreprises ne peuvent plus se permettre de faire l’impasse sur l’égalité des genres et la prévention des harcèlements. Certaines sont très sensibles à la question. D’autres, beaucoup moins. Il nous arrive, rarement heureusement, de retirer un ou une apprentie d’une entreprise. Globalement toutefois, la parole de l’apprenti pèse désormais plus dans la balance. Il sait aujourd’hui qu’il sera entendu en cas de discrimination. Dans ce sens, le bien-être au travail s’en trouve amélioré.

SISP/LEB/03.03.20222

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